Tous les deux ans, le club angevin Véhicules Militaires Historiques Anjou (VMH Anjou) organise un weekend hivernal dans sa région. L’objectif est de réunir une bande d’amis, amateurs de véhicules militaires d’époque pour une grande ballade de 3 jours sur les bords de Loire entre Gennes et Saumur. Cette année, le rendez-vous était fixé pour le weekend du 26 au 28 janvier.
Les premiers participants sont arrivés jeudi soir. Ils viennent d’un peu partout, de France et de Belgique. Le rallye est ouvert aux passionnés et il n’est pas nécessaire d’être membre du VMH-Anjou pour participer. Le gite se trouve au milieu des champs, sur le terrain d’un centre équestre, au sommet d’une colline qui domine la Loire. Il est idéalement placé entre la forêt, les champs et le fleuve pour limiter les tours de roue des véhicules sur le bitume.
Plus de 70 participants, de tout âge, se sont inscrits. Ils se répartissent dans une petite trentaine de véhicules : Jeep, Dodge, GMC et aussi deux scout-cars et un Weasel M29C fraichement restauré qui aura l’occasion de faire ses premières mises à l’eau en situation.
Vendredi, en début d’après-midi, le premier convoi s’est élancé sur les chemins de campagne. La randonnée va clairement établir ce que sera l’ensemble du weekend : une alternance entre eau et boue. Ici, comme ailleurs, il a plu depuis quasiment 6 à 8 semaines sans discontinuer. Les nappes phréatiques sont chargées d’eau. Les chemins sont en boue bien grasse, mais le plus beau reste à venir. La Loire, comme la plupart des cours d’eau en France, est en crue. Une crue qui est de celle qui restera dans les mémoires. Sortie de son lit, elle s’étale par endroit sur plusieurs centaines de mètres, recouvrant chaussées, champs et inondant les villages riverains.
Une première difficulté se présente sur le trajet. Un raidillon en dévers, surplombant un ruisseau, ralentit la colonne. Les véhicules passent les uns après les autres. Le GMC, gêné par son gabarit, s’en sort avec brio.
La colonne, une fois sortie du bois, s’élance sur les routes – interdites à la circulation – inondées. La plus grande difficulté est de déterminer sa trajectoire pour être sur de rester sur la route afin d’éviter les fossés.
Tout le monde s’en sort bien, mis à part le scout-car conduit par Hubert T. Le chauffeur, habitué ou traumatisé, par les bouchons parisiens s’est mis en tête de doubler. Bien mal lui en à pris, a peine s’élance t’il, que son véhicule sort de la route et bascule dans le fossé, créant une belle gerbe d’eau. Après quelques secondes de frayeur, ou l’on entendit crier « On coule on coule ! ».
Le convoi s’immobilise. Chacun se demandant qui va se mettre à l’eau pour sortir l’impétueux de son fossé. Finalement, il sera tiré d’affaire par le second scout-car, qui le prend en remorque.
L’émotion passée, le groupe finit son parcours par une dégustation de vins d’Anjou au Domaine de Saint Maur, implanté sur les coteaux qui dominent la rive gauche de la Loire, sur le village de Thoureil. A la tombée du jour, le convoi reprend la route logeant la Loire entre Thoureil et Gennes.. Celle-ci, inondée et fermée à la circulation, est praticable pour les véhicules militaires. La conduite de nuit sur route inondée fait découvrir un paysage particulier ou les phares et les gerbes d’eau s’entremêlent pour le plaisir des yeux des conducteurs et passagers. La journée s’achève au gite, ou les derniers participants sont arrivés.
Samedi matin, réveil aux aurores. Dès 6 heures du matin, le gite s’active et chacun se prépare pour la journée qui s’annonce. Quelle tenue mettre pour résister au froid et à l’humidité ? Pour les chaussures, on hésite entre brodequins et bottes. A 7H30, les pilotes commencent à préparer leurs engins. Vérification des niveaux. Démarrage des niveaux, chargement des véhicules.
Le ciel est presque dégagé, un rayon de soleil surgit et transperce le brouillard. La journée s’annonce bien. Mais il faut patienter, le scout-car noyé paye son expérience sous-marine et il faudra plus d’une heure et demi d’efforts à son équipage pour le démarrer. Finalement, autour de 9 heures, le convoi s’élance enfin. Direction les chemins et les bois. L’allure est lente, le soleil matinal a disparu et une épaisse couche de brouillard noie le paysage.
Plusieurs fois, le convoi se disloque. Parfois, un véhicule s’embourbe ou tombe en panne. Le scout-car ‘amphibie’, se fait encore remarquer en s’embourbant dans un champ puis avec une panne vite réparée. Le retard accumulé oblige l’organisation à prendre quelques raccourcis pour respecter le timing.
Les véhicules redescendent les coteaux vers la Loire et se trouvent face à une route inondée. Le road-book prévoie de la prendre. Par sécurité, le Weasel s’avance et après quelques mètres, se met à naviguer. Il est clair que le reste des véhicules ne pourra pas passer. Après quelques allers-retours sur l’eau, l’amphibie rejoint la route et la colonne fait demi-tour.
La troupe est attendue à midi dans un restaurant à Fontevraud, village royal connu pour son abbaye millénaire. Elle arrive finalement à 14 heures. Après un excellent repas, le convoi s’élance de nouveau. Le soleil est revenu.
Arrivé à Saumur, il fait halte devant le château de la ville. Certains partent visiter ses alentours pendant que d’autres dégustent un vin chaud. La fin de journée approche, le brouillard et l’humidité retombent. Le retour au gite est apprécié. La journée se termine avec un bon repas autour d’une tartiflette suivi d’une soirée dansante.
Le réveil dominical est plus tardif. La fatigue se fait sentir et certains ont veillé très tard. Le rituel du démarrage des véhicules débute vers 8 heures et demi. Plusieurs d’entre eux refusent de démarrer. Le froid, l’humidité n’aident pas. Tirés par les autres véhicules, l’ensemble finit par s’animer. Le soleil est de la partie et le chef de convoi a concocté un parcours qui va débuter sur les bords de Loire. Les véhicules s’élancent, de jour cette fois, sur la route de Gennes à Thoureil. Bien que cela soi difficile à percevoir, le niveau de l’eau semble avoir monté depuis vendredi soir.
La première traversée de quelques kilomètres s’effectue sans encombre. Après quelques centaines de mètres sur la terre ferme, une deuxième section inondée se présente devant les pilotes. La colonne s’avance et le niveau de l’eau monte. Les gros véhicules passent sans encombre mais en fin de convoi, deux Jeep 6 volts calent. Il n’est pas possible de les redémarrer dans l’eau. Derrière, un Dodge, un scout-car et 2 Jeep M201 dont l’allumage est blindé et étanche attendent que le passage se dégage. Les M201, moteurs tournant ont l’échappement sous l’eau.
Finalement, après une dizaine de minutes, un GMC recule et prend en remorque les deux infortunées. Le reste du convoi s’élance de nouveau et retrouve la terre ferme après quelques centaines de mètres.
Après le hors-d’œuvre, l’entrée a été servie mais il reste encore le plat de résistance. Arrêtés sur cette langue de bitume entre deux parties inondées, il faut se décider d’aller de l’avant ou faire demi-tour. Pendant que les mécanos œuvrent sur les deux Jeep en panne pour les redémarrer, le Weasel part en avant pour éclairer la portion inondée. Celle-ci est trop profonde pour le passage des Jeep. Celles-ci sont alors prises en remorques des gros véhicules pour effectuer la traversée moteur arrêté.
Seule la Jeep d’Oly, collant le Dodge de tête et profitant de son sillage se risque a traverser moteur tournant. Le pilote ayant préalablement ôté la courroie afin d’éviter les projections d’eau causée par le ventilateur sur l’allumage. Une fois arrivé à bon port, chacun a pu se rendre compte de l’étendue de la crue en observant le Weasel naviguer entre route et champs. Les véhicules propres, il est temps de repartir pour traverser quelques chemins boueux et piégeurs.
Notre scout-car vedette s’échoue dans un fossé de sous-bois. Sorti de ce mauvais pas par son collègue, il y retourne aussitôt à la surprise générale. Hubert T., le conducteur a décidé qu’il peut en sortir seul et c’est ce qu’il fait en faisant rugir son moteur et en entrainant son engin bloqué dans le fossé sur une centaine de mètres avant qu’il ne reprenne pied sur le chemin.
Il n’en fallait pas plus au second scout-car piloté par David R. pour se lancer dans le même défi. Celui-ci se jette alors dans le fossé, mais avec une Jeep (Nb :la mienne !) qu’il devait tracter pour qu’elle redémarre.
Libérée de celle-ci, il sortira de la même façon de cette ornière pendant que l’infortunée Jeep se fera tracter par une de ses sœurs.
Quelques chemins boueux plus tard, l’ensemble rejoint le gite de Gennes pour un dernier repas annonçant la fin du weekend.
Ce Winterized ou plutôt Waterized aura été un excellent cru mêlant amitié, tout-terrain, et surtout eau et boue. Les participants ont pu bénéficier des conditions exceptionnelles de cet hiver et de la crue de la Loire. Une organisation aux petits oignons, un road-book intense et une bonne ambiance sont les ingrédients d’un weekend réussi. Les places du Winterized 2020 sont déjà comptées.
Merci au VMH Anjou et à Edouard Callerot et toute son équipe pour ce weekend mémorable.
Merci à Jean-Marie Caillard pour les photos et vidéos.
Par Pierre-François Boselli
H-Events / Forties-Factory.com
Photos et vidéos : Jean-Marie Caillard
Album photo day 1
Album photo day 2
Album photo day 3