Partager la publication "Centenaire de la bataille de la Malmaison – 21/22 octobre 2017"
Dernière grande commémoration de l’année 2017 dans le cadre du Centenaire, la Malmaison a confirmé l’engagement du département de l’Aisne dans la mise en valeur du patrimoine et le développement du tourisme de mémoire.
L’année 2017 a été consacrée essentiellement aux batailles dites du Chemin des Dames. Plusieurs commémorations officielles se sont succédées tout au long de l’année. Au printemps, le premier moment fort fut celui organisé à Berry-au-Bac pour le centenaire du premier engagement des chars Français à l’occasion de l’offensive du général Nivelle. C’est dans ce cadre qu’un autre moment fort commémorant la bataille du Chemin des Dames a été organisé. Le 100e anniversaire de la bataille de La Malmaison (23 octobre 1917- 2 novembre 1917), situé sur la commune de Chavignon, à clôturé le cycle des commémorations du centenaire de la bataille du Chemin des Dames dans le département de l’Aisne.
Durant toute la Première Guerre mondiale, et plus particulièrement en 1917, le Chemin des Dames a été le théâtre de combats violents et meurtriers.
Le lieu et son contexte historique
Le Chemin des Dames est au sens le plus strict, une petite route de crête, de 26 km, référencée sous le nom de RD 18 CD (pour Chemin des Dames). Les filles de Louis XV, Adélaïde et Victoire, auraient emprunté ce chemin pour rendre visite à la dame d’honneur d’Adélaïde, la Duchesse de Narbonne au château de la Bove près de Vauclair, seraient ainsi à l’origine du nom.
Le Chemin des Dames sépare un plateau composé de champs bordés de ravins. La crête qu’il suit est le point culminant d’un plateau calcaire qui domine les territoires alentours à une altitude moyenne de 180 m. Cet éperon se situe au cœur d’un triangle reliant trois villes : Laon, Soissons et Reims. Depuis le fort de La Malmaison, à l’ouest, on distingue la cathédrale de Laon et, à l’est, sur le plateau de Californie, on peut distinguer, par beau temps, les tours de la cathédrale de Reims.
La géographie a donc donné à ce site une dimension stratégique majeure. A un peu plus de 100 km au nord-est de Paris, il constitue la dernière barrière naturelle de défense de la capitale contre les invasions venues du Nord et de l’Est. Cette forteresse est bordée par les rivières l’Ailette au nord et l’Aisne au sud.
A l’est du Chemin des Dames, le fort de La Malmaison est l’enjeu d’une offensive française lancée le 23 octobre 1917, afin de réparer l’échec de l’offensive conduite par le général Nivelle le 16 avril.
L’offensive prévue en juillet 1917 est reportée en octobre. Elle commence le mercredi 23 octobre 1917 à 5h15 du matin. Elle illustre la nouvelle stratégie définie par le général Pétain, nouveau chef des armées françaises et qui consiste à mener des opérations à objectifs limités.
L’attaque de l’infanterie a été précédée du 17 au 23 octobre par une intense préparation d’artillerie (3 millions d’obus tirés, soit plus de la moitié des projectiles tirés avant l’offensive Nivelle sur un front 3 fois plus long). Les chars d’assaut -48 Schneider et 20 Saint-Chamond- sont à nouveau engagés pour appuyer les fantassins, mais avec des résultats plus concluants qu’en avril et en mai.
Avant 6h30, le fort de La Malmaison est pris par un bataillon du 4e Zouaves. Le 24, la progression se poursuit du côté de Vauxaillon. Le 25, l’Ailette est atteinte au nord de Pargny et de Filain. Les Allemands préfèrent alors abandonner les positions qu’ils occupent encore sur le plateau du Chemin des Dames, à l’est de la ferme de la Royère et jusqu’à Craonne. Dans la nuit du 1er au 2 novembre, ils se replient au nord de l’Ailette, sur les hauteurs qui dominent Laon.
Le centenaire
Afin d’accompagner la cérémonie officielle du dimanche 22 octobre 2017 au fort de La Malmaison, un camp militaire de la Grande Guerre a été reconstitué afin de rappeler au grand-public les principaux éléments de la bataille de La Malmaison et honorer la mémoire des combattants.
Dès le vendredi 20, une dizaine d’association regroupant environ 120 reconstituteurs s’installent face au fort de la Malmaison. Le campement d’époque monté, les matériels sont déployés. Deux canons de 75, une pièce de 4 et un canon de montagne sont alignés face au Chemin des Dames. A leur côté, le char Saint-Chamond de l’association Mémoire de Poilus complète le dispositif. Depuis sa première sortie à Berry au Bac en mai, il a été équipé d’un canon de 75 « fonctionnel » et reçu ses peintures de camouflage.
Pendant le weekend, plusieurs démonstrations d’artillerie ont eu lieu. L’ensemble des pièces présentes, et le canon de 75 du char ont été mis en action.
Samedi après-midi, une marche commémorative reliant le fort au centre du village de Chavignon a été organisée. Il s’agit pour les troupes en bon ordre de rallier le monument des Chasseurs dans le village pour une première cérémonie. La marche a été ponctuée par les commentaires de monsieur Dupont, guide à la Caverne du Dragon. A cette occasion, il fit la lecture des dernières « recommandations aux Poilus, à lire dans les creutes » que le général Brissaud-Desmaillet commandant la 66e division de chasseurs a prodigué à ses troupes le 19 octobre 2017 en prévision de l’attaque. La lecture de celui-ci permet de mieux comprendre l’état d’esprit et les conditions matérielles des troupes à la veille de la bataille.
Cérémonial et reconstitution vont de pair
Dimanche matin, la cérémonie officielle se tient devant le fort de la Malmaison. En présence des autorités, de militaires du 501e RCC, et d’une trentaine de porte-drapeaux, les poilus, formant un toit impeccable rendent hommage à leurs ainés dont beaucoup sont morts en combattant pour emporter cette place forte sur le Chemin des Dames.
Cet événement officiel, à l’initiative du département de l’Aisne, à su mêler cérémonies militaires, visites commentées par les guides de la Caverne du Dragon du fort, et présentations didactiques des groupes d’histoire vivante. C’est grâce à cela, qu’un large public familial a pu découvrir, apprendre et comprendre les ressorts de cette bataille ainsi que la vie quotidienne des poilus.
L’Avenir de la Mémoire : Commémorations officielles et Reconstitutions de qualité…. mais pourtant..
Il est important pour le devoir de mémoire et la transmission du souvenir de comprendre que ces évènements doivent apporter au grand-public, au delà des cérémonies, les éléments de connaissance indispensable à la compréhension du sujet, en particulier pour les plus jeunes. C’est un des objectifs de l’histoire vivante. Sans cela, ces évènements tragiques sombreront progressivement dans l’oubli le plus total. Malgré la résistance d’arrière-garde de certains, il faut bien constater que de plus en plus fréquemment, les autorités civiles ou militaires font appel aux associations sérieuses de reconstitution pour animer ces évènements.
Au moment ou nous écrivons ces lignes, une nouvelle loi, supprimant la catégorie D pour la détention d’armes et votée par le parlement pourrait remettre en question la participation des collectionneurs et reconstituteurs aux nombreuses cérémonies officielles prévues pour la clôture du centenaire et plus largement d’ailleurs. A l’issu de ce centenaire, le convoi rapportant le canon de 75, l’automitrailleuse et l’ambulance de l’association Mémoire de Poilus a été immobilisé sur le bord de la route pour un contrôle de police portant sur la réplique du canon et les véhicules. Quand à l’association Thiérache Histoire Vivante qui se rendait sur un bivouac de reconstitution, elle a été contrôlé par la douane de l’Aisne, qui dans la foulée à menée plusieurs perquisitions et a saisi le matériel de l’association.
Il est clair que cette attitude incompréhensible des services de l’état qui d’un côté demandent aux associations de s’investir dans les cérémonies ou les camps didactiques et de l’autre les sanctionnent lorsqu’elles se rendent sur ces évènements est ubuesque et dommageable.
Remerciements
Le Centenaire de la Malmaison était organisé par la société H-Events. Nous souhaitons remercier ici le département de l’Aisne et en particulier Franck Viltart pour son implication. Nous n’oublions pas les personnels et monsieur Niquet du cimetière allemand (2eme Guerre Mondiale) qui jouxte les ruines du fort de la Malmaison pour leur aide dans la mise en place du camp. Enfin, un grand merci aux associations de reconstitution qui nous ont fait confiance dans l’organisation de cet événement. Merci à l’Eperon 132 et son dévouement pour nourrir les troupes pendant les deux jours.
Article « La Malmaison 1917-2017 » publié dans GBM N°123 daté janvier-mars 2018
par Pierre-François Boselli
H-Events / Forties-Factory.com
Photos :
cliquez sur les noms pour découvrir leurs albums complets
Christian Duchemin (Albums Facebook)
Luc Pottiez (Album La Malmaison Oct 2017)
Associations participantes :
Mémoires de Poilus (Char Saint-Chamond, Ambulance & Auto-Mitrailleuse, Canon de 75)
TCF (Troupes Coloniales Française) & UNIF 19 (Pièce de 4 et canon de montagne)
Poilus d’Ile de France (Canon de 75)
France 1940
Eperon 132 de Crouy et sa roulante.
Horizon 14-18 Les Eparges
Lorraine Me Garde
La Baïonnette de Cormicy
Wings For Ever
Mademoiselle from Armentières
Et les individuels.