Le Vide-Grenier, retour dans l’histoire
Dans une librairie spécialisée comme Forties-Factory.com, nous voyons passer de nombreux ouvrages et journaux du temps passés. Nous publierons régulièrement des articles ou extraits d’articles provenant de ceux-ci.
Pour commencer cette série, voici, tiré du journal la Vie Illustré paru en avril 1902, un papier sur la Foire à la Ferraille, ancêtre de nos vide-greniers actuels :
La Vie Illustrée
Avril 1902.
Coins de Paris = La Foire à la ferraille
Chaque année, à cette époque, se tient, entre la place de la République et la Bastille, une des foires les plus pittoresques de Paris : la foire à la ferraille, qui voisine avec celle aux jambons. On n’imagine point tout ce qu’on peut découvrir dans ces amas de choses sordides qui n’ont de semblables que les amoncellements étranges du Marché aux Puces, de Saint-Ouen. Depuis les
vieilles clefs et les vieilles serrures, depuis, même, les cerceaux de tonneaux usés et rouillés jusqu’aux salades des preux chevaliers, en passant par les chenêts représentant la République, Cérès ou Henri IV, et les flambeaux de tout ordre et de tout style, on v trouve de tout. Cette année, notamment, j’y ai aperçu des Vénus de Milo, en simili-bronze, pour vingt-cinq sous, un buste de Boulanger et un portrait de Rochefort à cent sous pièce, et enfin, luxe des pauvres : la bicyclette à vingt-cinq francs, qui rencontre maints et maints amateurs, ce qui se conçoit d’ailleurs dans une époque ou les sports, et le sport surtout agréable et facile entre tous de la bicyclette, sont si grandement en honneur dans la masse comme dans l’élite de notre pays.
C’est vraiment, malgré qu’il soit dédaigné par les curieux, un coin tout à fait particulier et pittoresque, que cette foire à la ferraille, encore que les artistes proclament sa décadence. Il est vrai que si les artistes se plaignent, les hygiénistes, dans un genre différent et sous d’autres prétextes, se plaignent aussi.
Et voilà qui suffit à rétablir la balance.
Par Henri de Weindel